Après son report en janvier, le texte tant attendu de Joan Macload, Intrusions (Another Home Invasion) traduit et interprété par Marie-Thé Morin vous a finalement été présenté à La Nouvelle Scène, avant de partir en tournée à travers tout le Canada. Retour sur cette semaine de première en photo suivi de l’interview de l’interprète du spectacle Marie-Thé Morin.
Photos : Catherine Archambault
INTERVIEW MARIE-THÉ MORIN :
Présentez-vous rapidement (où habitez-vous actuellement, où avez-vous grandi, que faites-vous en ce moment, sur quel projet travaillez-vous…) ?
J’habite actuellement à Rockland en Ontario. Je suis née et j’ai grandi à Ottawa. Je suis née à l’hôpital Montfort. Présentement, je travaille sur plusieurs projets d’écriture, dont DÉPARTS, le deuxième tome de ma trilogie romanesque commencée avec ERRANCES. L’ébauche est écrite et je suis à l’étape de la révision avant l’envoi à ma maison d’édition. Ma pièce FRONTIÈRES LIBRES sortira bientôt aux Éditions Prise de parole, d’ici décembre.
Je joue aussi. Intrusions sera en tournée cette saison et l’an prochain. J’ai participé à plusieurs laboratoires de nouvelles pièces au cours du mois de septembre 2022. Peut-être que ces projets passeront à une prochaine étape bientôt et que j’en ferai partie.
Quand avez-vous commencé à être comédienne ?
J’ai commencé à jouer en 1979 à l’école secondaire Charlebois d’Ottawa. J’ai tellement aimé l’expérience que j’ai su tout de suite que je voulais devenir comédienne. J’ai joué beaucoup pendant les décennies 1980, 1990 et 2000. J’ai obtenu moins de rôles à compter de 2012. J’en ai profité pour me consacrer davantage à l’écriture (scénarios, romans, contes et théâtre).
Qu’est-ce qui vous motive/inspire dans votre pratique ?
Ma motivation et mon inspiration, c’est de raconter des histoires. Que ce soit par l’écriture ou le jeu. C’est le propre du théâtre que de faire place à des histoires qui nous remuent, nous rejoignent, nous unissent dans un moment partagé. Ces instants uniques nous amènent à réfléchir collectivement à notre condition humaine et parfois à nous remettre sainement en question. À partir du moment où l’on écoute ensemble une histoire, on est en mesure de discuter. D’avoir un peu envie de refaire le monde.
Quels sont les principaux défis que vous devez relever dans votre pratique artistique, en général ou dans ce spectacle ?
Chaque œuvre apporte son lot de défis particuliers. Tout dépend du personnage, de son état physique et émotionnel, de son importance dans l’histoire. Mais il n’y a jamais de petit rôle. Il y a seulement des personnages qui font partie à part entière d’une histoire.
Dans INTRUSIONS, le fait que Jean soit âgée m’a apporté un défi sur le plan de la motricité physique réduite. Le personnage fait l’éloge de la lenteur par ses mouvements, par la précision de chacun de ses gestes qui ne sont jamais précipités. Autre défi, le personnage nous fait vivre des montagnes russes d’émotions. Comme c’est un solo, je dois toutes les assumer, ces émotions, qu’elles soient exprimées par Jean ou par les autres personnages qui font partie de son quotidien. Je dois donner une voix distincte à chacun d’eux, leur donner vie à ces personnages que l’on ne voit pas.
Défi plus technique j’ai dû apprendre ce texte solo en très peu de temps puisque j’ai accepté de jouer le rôle 2 mois avant la première. Nous avons présenté la pièce après 19 jours de répétitions, ce qui représente un délai très court.
Quelles sont vos influences et quelle est votre œuvre artistique préférée?
J’ai été influencé par plusieurs artistes et œuvres. Ils me serait difficile de me limiter à seulement quelques influences. Sur le plan de l’écriture, j’ai beaucoup été influencée par Anaïs Nin, par ses écrits sur l’écriture féminine et sa quête profonde de liberté créative.
Avez-vous une œuvre qui vous a touché et que vous avez découvert récemment à partager à nos lecteurs ?
Au cours des derniers mois, je dois dire que le spectacle Gaston Klaxon de mon ami et collègue Pier Rodier m’a beaucoup impressionnée. Ce qui n’est pas facile puisque je le connais depuis très longtemps! Il m’a vraiment épatée avec ce spectacle pour la petite enfance. C’est un vrai bijou! Un délice pour les yeux et les oreilles, un spectacle tout en couleur et en musique, sans paroles, avec une thématique qui porte sur la naissance et la croissance dans la nature. Le personnage de Gaston est toujours en plein émerveillement et les tout-petits (et les très-grands aussi!) le suivent dans cette voie. Il nous fait vivre de belles émotions! Les enfants et les adultes sont ressortis du théâtre avec des yeux brillants.
Avec quel.le artiste aimeriez-vous collaborer le plus, pourquoi ?
Il y a plusieurs artistes avec lesquels j’aimerais collaborer. C’est difficile de me limiter. Cela dépend beaucoup de ce que l’on veut faire et comment. Ultimement, c’est la rencontre avec l’autre pour porter une œuvre qui fait foi de tout. C’est important d’attendre le moment opportun! Dernièrement, j’ai travaillé avec bonheur avec plusieurs artistes avec lesquels je n’avais collaboré, notamment Joël Beddows, Alain Doom, Hélène Dallaire, Guy Migneault, Élise Gauthier, Eudes Laroche-Francoeur, Geneviève Pineault. Chaque projet s’est bien déroulé, puisque les affinités se trouvaient à la bonne place et au bon moment pour faire naître des univers et des récits distincts.
Il y a des textes que j’aimerais jouer. Porquis Junction, par exemple, de Sylvie Trudel. La pièce, écrite au début des années 1980, n’a jamais été jouée. On pourrait la moderniser, la rendre un peu plus contemporaine. Pourquoi pas un texte de Robert Marinier, aussi? Et pourquoi pas? Traduire Harold et Maude, pour la jouer avec un jeune interprète comme Michael Lemire, par exemple.
Merci à Marie-Thé pour ces réponses et encore bravo pour ta magnifique performance !
Intrusions en tournée pancanadienne – informations et dates sur le site du Théâtre de la Vieille 17.